Le fruit d’une journée de travail : Présentation de Christian Riemerschmid von der Heide et de la bière Tagwerk
Rédaction : Patrick Jodoin | Illustrations : Marc Doucette | Traduction : Labo Dactylo
Christian Riemerschmid von der Heide, maître brasseur, a émigré au Canada en 1996, après de nombreuses années passées à perfectionner ses compétences de brasseur de l’Allemagne aux fins fonds du Kenya, en passant par bien d’autres pays.
Cet été, l’équipe de Beau’s et le renommé maître brasseur ont uni leurs forces pour présenter au monde entier un nouveau projet collaboratif, la Tagwerk, une bière s’inscrivant dans la série des collaborations Beau’s + Amis.
Pour marquer le coup d’envoi, Beau’s et Christian ont lancé une nouvelle bière de blé de style belge au goût unique. Offerte à longueur d’année, la Witbier aux coings est brassée avec du jus de coings (un fruit ancien semblable à une pomme), de la coriandre et des fleurs d’hibiscus – tous biologiques.
Christian estime que son travail avec Beau’s a commencé bien avant d’avoir été officialisé auprès des amateurs de bière (avec la création officielle de la marque Tagwerk). Ami de Steve Beauchesne, cofondateur de Beau’s, et des membres de son équipe, Christian a régulièrement côtoyé l’univers de la bière artisanale en Ontario au fil des ans. Les lecteurs qui connaissent bien le Projet de la brasserie artisanale Rwanda savent d’ailleurs peut-être qu’il en est le conseiller technique spécial.
« Ma relation avec Beau’s ne date pas d’hier, raconte-t-il. J’ai appris à connaître Steve en tant qu’amateur de bière. J’adore la créativité qui caractérise les bières de Beau’s : la Lug Tread est d’ailleurs l’une de mes bières de tous les jours préférées. »
Voilà des mots très élogieux considérant le parcours de Christian, lui-même brasseur depuis 34 ans. Après avoir étudié la technologie brassicole à Weihenstephan, en Allemagne, il a commencé sa carrière en Bavière, où il a appris le brassage et le maltage en travaillant pour Augustiner-Bräu, la plus vieille brasserie de Munich. Il a ensuite travaillé pour Guinness/Diageo à Dublin, en Irlande et à Londres (Royaume-Uni), puis pour East African Breweries Ltd. au Kenya, avant d’aller à Bruxelles, en Belgique. (Et nous ne faisons qu’effleurer le sujet.)
Depuis qu’il a émigré au Canada il y a plus de vingt ans, Christian a travaillé comme directeur de l’exploitation à Newlands Systems Inc., un fabricant de systèmes de brassage artisanal et de distillation, puis comme conseiller principal en brasserie à Brunswick Bierworks. Présentement, il est président de l’institut Siebel Institute for Technology à Chicago, la plus ancienne école de maîtres brasseurs en Amérique du Nord.
Il parvient aussi à trouver le temps de cultiver du houblon dans sa ferme, aussi nommée Tagwerk et située à Cape Chin dans la péninsule Bruce, en Ontario.
C’est pendant le projet Rwanda que les discussions entre Christian et Beau’s ont commencé : « Nos échanges m’ont donné envie de collaborer avec Beau’s, dit-il. On s’est assis, puis on a regardé quels styles de bières pourraient être intéressants. J’ai retrouvé une recette originale que j’avais créée il y a douze ans, en Autriche, et qu’un magazine gastronomique avait désignée “meilleure bière”. Puis je me suis demandé comment je pourrais l’adapter au contexte canadien et l’intégrer à la gamme de bières de Beau’s. »
« Chez Beau’s, nous avons eu l’immense chance de bâtir des amitiés durables avec plusieurs personnes fantastiques au fil des ans, ajoute Steve Beauchesne, cofondateur de Beau’s. Christian est un homme passionné, motivé, dont la curiosité et la joie de vivre sont contagieuses. Et par-dessus tout, c’est un ami de confiance. Voilà pourquoi Beau’s est fière de produire la Tagwerk avec lui. »
Il en résulte une bière de blé de style belge brassée avec du jus de coings, de la coriandre et des fleurs d’hibiscus, tous biologiques. Dans le contexte du brassage, le coing est un fruit délicat. Dur et sec, il confère un arôme particulier à la bière.
« Le coing est un fruit vénéré depuis des siècles, affirme Christian. On l’appelle la pomme d’or dans les épopées. Ceux qui connaissent le goût de la gelée – ou de la pâte – de coing retrouveront son arôme subtil dans la Tagwerk. »
« C’est un ingrédient rare et magique, poursuit-il. Résultat : une Witbier forte, typique, avec une fine note de coing. »
Lorsqu’est venu le temps de nommer ce projet collaboratif avec Beau’s, Christian a mis de côté son impressionnante carrière dans le monde brassicole – et sa passion débordante pour les nuances de son art – pour laisser toute la place à la beauté des ingrédients bruts et au travail derrière leur culture.
« Tagwerk signifie plusieurs choses, dit-il. Et celle sur laquelle je souhaite insister, c’est une journée de travail. Car tag signifie journée, et werk signifie travail.
Mais tagwerk désigne aussi une unité de mesure : c’est l’équivalent d’un acre. À l’époque, l’agriculteur traditionnel qui travaillait sans aide mécanique pouvait – avec l’aide de sa famille et de travailleurs – cultiver environ un acre par jour. »
Si une carrière impressionnante est le fruit d’innombrables jours de travail acharné, Tagwerk représente le fruit d’une bonne journée de travail.
Ce mot est aussi fidèle à l’héritage de Christian Riemerschmid von der Heide, qui a grandi dans une ferme.
« C’est le respect. C’est l’agriculture. C’est le reflet d’une dure journée de travail », dit-il.